Proches du centre-ville, Pangaltı, Feriköy et Bomonti sont des quartiers chargés
d’histoire, cosmopolites et agréables à vivre. Ils se situent au sud-ouest de la
municipalité de Şişli et font un pont entre la municipalité de
Beyoğlu (par la
place du Taksim) et le centre de
Şişli. L’épine dorsale est l’avenue Cumhuriyet
qui change de nom en chemin pour devenir avenue Halaskargazi.
Le redécoupage des quartiers a fait disparaître Bomonti et Pancaldi (Pangaltı en
turc), mais a laissé le nom de Feriköy sur une portion de l’ancien quartier.
Malgré tout, les Stambouliotes continuent de désigner les lieux par leurs
anciens noms.
Ces trois quartiers ont une histoire étroitement liée aux Levantins qui les
peuplaient d’une façon très majoritaire jusque dans les années 1940. Evidemment,
la population d’aujourd’hui est mélangée, mais de nombreux minoritaires vivent
dans cette partie de la ville ce qui donne vraiment un air « cosmopolite » à cet
endroit. Bien entendu, il ne s’agit pas d’étrangers, mais bien de Turcs de
différentes origines ethnico-religieuses (Arméniens, Juifs, Grecs, Bulgares,
Levantins).
Il est donc aisé de trouver des magasins vendant des spécialités culinaires de
ces minorités, tout comme des restaurants ou tavernes.
Hôpital russe, Pancaldi (n'existe plus) |
Carnaval de Tatavla, entre Kurtuluş et Pangaltı |
Halaskagazi Caddesi vers 1910 |
Musée Militaire (école militaire) vers 1900
|
Halaskargazi (Osmanbey), années 1960
|
Pangaltı. Le hammam (gauche) a été remplacé
par l'hôtel Ramada. Années
1960 |
Osmanbey vers 1965 |
L'ancien cimetière
arménien Surp Agop et l'école militaire |
Le tourisme n’a que peu d’influence dans cette
partie de la ville, même si l’hôtellerie s’y est bien développée ces dernières
années. Les étrangers qui choisissent ces quartiers pour leur hébergement, font
souvent du tourisme d’affaires ou sont des participants aux manifestations qui
se déroulement au palais des Congrès Celal Reşit Rey qui est à deux pas.
D’autres personnes choisissent Pangaltı, Feriköy ou Bomonti pour un hébergement
en appartements de vacances. C’est l’occasion de vivre à la stambouliote pour
ses vacances.
Il n’y a pas de grand monument à visiter dans les environs, mis à part le musée
Militaire
et la cathédrale Saint-Esprit. Plusieurs églises de quartiers sont
visibles (latines, arméniennes, grecques) et
une synagogue. Les mosquées ne sont
pas anciennes et sans intérêts. Cependant
la mosquée de Teşvikiye, dans un
quartier voisin, mérite le détour.
Taverne arménienne Aztek, Pangaltı |
Taverne grecque Madam Despina Meyhanesi
|
Triperie Apik Dolapdere |
Göreme Muhallebicisi, Kurtuluş Caddesi 82, Kurtuluş (Pangaltı) |
Les voyageurs qui passent dans ces quartiers y sont souvent amenés pour y faire
du shopping, car l’avenue Roumélie (Rumeli Caddesi) passe partiellement à
Pangaltı et chacun connaît ce haut lieu de chalandage. Toutefois, les quartiers
que nous décrivons ici sont plus populaires que
Nışantaşı ou Teşvikiye et aussi
plus typiques pour leurs commerces familiaux.
Pangaltı et Bomonti ont conservé de beaux bâtiments Art-nouveau, parfois un peu
perdu dans un style général d’architecture anarchique.
C’est Mustafa Sarıgül (CHP) qui est le maire de Şişli dont dépendent les trois
quartiers. C’est une personne très efficace qui défend les intérêts de toute la
municipalité avec convictions. Il met un point d’honneur à un dialogue entre les
différentes communautés religieuses, ce qui le favorise auprès des communautés
non-musulmanes. Le parti AKP au pouvoir, essaie depuis longtemps de s’accaparer
de la mairie de Şişli, sans succès. Aux dernières élections, pour tenter de
ravir le siège, l’AKP avait présenté un candidat portant le même nom et le même
prénom que le maire sortant. L’engeance a capoté.
Les avenues
Cumhuriyet et Halaskargazi emmènent vers la place du Taksim haut lieu de la
contestation stambouliote. Il n’est donc pas rare de voir des manifestations
dans ces quartiers, le plus souvent sans
débordement.
Inauguration de la rue Hrant Dink, journaliste assassiné en 2007 |
Arrosage public (2013) |
Funérailles de Hrant Dink, journaliste turc d'origine arménienne
(2007) |
Funérailles de Hrant Dink,
journaliste turc d'origine arménienne (2007) |
Manifestation contre la destruction du parc Gezi, Pangaltı, juin 2013
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Manifestation contre la destruction du parc Gezi, Pangaltı, juin 2013
|
Pangaltı (Pancaldi)
Quand on parle de Pangaltı (en turc) ou Pancaldi (en français) aujourd’hui, on a
tendance à localiser ce quartier du côté de la station de métro Osmanbey en y
incluant l’avenue Ergenekon qui longe le cimetière catholique latin. En fait,
officiellement le quartier n’existe plus, mais autrefois il couvrait une très
grande surface partant de la place du Taksim pour aboutir en gros, à l’avenue
Roumélie (Rumeli Caddesi). Il incluait les quartiers actuels d’İnönü,
d’Eskişehir, d’Ergenekon, de Bozkurt, d’Halaskargazi et la partie ouest d’Harbiye.
Pancaldi tire sont nom des fours qui y étaient installés et surtout du pain
qu’on y fabriquait : les pains chauds ou pani caldi en italien. On
peut tout à fait considérer que c’est l’expansion de la vieille ville de Péra-Galata,
dont le développement s’est opéré à partir du début du XIXe siècle. D’abord, il
ne s’agissait pas d’un quartier proprement-dit, mais de bâtiments parsemés dans
la campagne et particulièrement sur la crête des collines. Les vieux cimetières
et les casernes délimitaient la partie est de Pangaltı. Tandis qu’à l’ouest on y
trouvait des communautés religieuses surtout catholiques. La population se
densifia dès le milieu du XIXe siècle et la création de plusieurs écoles
étrangères et d’hôpitaux donna un véritable essor au quartier.
Feriköy
C'est une famille de Levantins français qui a donné son nom au quartier de
Feriköy : les Ferry. On trouve leurs traces à la fin du XVIIIe siècle dans l’île
de Tinos qui appartenait alors à l’Empire ottoman et qui était la seule île
catholique en mer Egée. Quand l’île devint indépendante en même temps que la
Grèce, la famille Ferry s’installa à
Galata pour prospérer rapidement dans
les affaires. Le chef de famille, Pierre Ferry acheta une résidence secondaire à
San Stefano (Yeşilköy) et un terrain
de chasse non loin de
Péra, qui deviendra le quartier Ferry
(Feriköy). Il fit construire un pavillon à l’emplacement de l’actuel
cimetière catholique.
Une partie de cette famille quitta la Turquie dans les années 1940, suite à
l'impôt sur la fortune (Varlık Vergisi), qui ruina l'économie turque en même
temps que la plupart des commerçants minoritaires. Cependant, il reste encore
quelques Ferry de nos jours à Istanbul, après plus de 200 ans de présence dans
la Ville des villes.
Marché bio de Feriköy |
Feriköy - Au fond, cimètiere
latin |
Sortie de la messe de Noël, église arménienne
grégorienne
Feriköy |
Cimetiere latin |
|
Comme les limites de Pangaltı n’étaient pas très
claires même au début du XXe siècle, le nom de
Feriköy était plutôt attribué à la zone qui se situe
au-delà du cimetière catholique latin vers l’ouest,
jusqu’au fond de la petite vallée dominée par
Bomonti. Les quartiers actuels de Feriköy, Yayla,
Duatepe et Paşa forment à peu près l’ancien Feriköy
(ou Ferry köy) de l’époque ottomane.
Un grand cimetière musulman marque la limite ouest,
en direction de la municipalité de
Kağıthane.
Cette partie du secteur était
surtout habité par des musulmans, mais était aussi nettement plus pauvre
que les quartiers sur les hauteurs des collines. Les maisons étaient
souvent en bois d’un seul étage. C’est seulement dans les années
1960-1970 que Feriköy changea de visage et que l’on y construisit des
maisons à appartements, plus hautes et plus solides. La population
changea également et la qualité de vie aussi. Aujourd’hui ce sont des
classes moyennes qui y résident. |
Bomonti
Bomonti n’était pas proprement-dit un quartier, mais simplement l’endroit où
était installée une brasserie depuis la fin du XIXe siècle, autour duquel des
communautés religieuses vinrent s’installer.
Les fondateurs de la brasserie étaient les frères Bomonti qui étaient venus de
Suisse. Ils créèrent la fameuse bière Bomonti qui devait devenir une des
principales marques du pays. Après la proclamation de la République en 1923, la
fabrication des alcools devint monopole d’Etat et la brasserie passa aux mains
du gouvernement. La marque Bomonti qui avait disparu pendant des années, a été
re-commercialisée en 2007. Carl Bomonti, repose à deux pas de là, au
cimetière protestant de Feriköy.
Kermesse des Petites Soeurs de Pauvres,
(Bomonti Fransız Fakirhane
Kermesi) |
Synagogue Beth İsrael, Osmanbey |
Un des meilleurs magasins de meze : Tuşba Şarküteri
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A Bomonti
vers 1930
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Les terres qui se situent à l’ouest de la brasserie et de la Maison des Petites
Sœurs des Pauvres, sont dans une forte pente aboutissant au fond d’une petite
vallée sur l’axe routier Kasımpaşa - Okmeydanı. Pendant longtemps elles ne sont
restées couvertes que d’habitations clairsemées et sans grande valeur. Depuis
plus d’une décennie, les spéculateurs sont à l’œuvre et d’énormes tours ont déjà
vu le jour, sans parler des projets ahurissants qui sont sur la table et
risquent d’arriver à terme. Les terres des Petites Sœurs sont très convoitées
elles-aussi.
Nouveaux quartiers à
l'ouest de Bomonti
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Nouveaux quartiers à
l'ouest de Bomonti
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L’ancien
quartier de Bomonti correspond plus ou moins au quartier actuel de Cumhuriyet et
au sud du quartier de Şişli-Merkez.
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