Istanbul - centre
historique
- quartier de Sümbülefendi
Mairie de Fatih
Belgratkapı est un
ancien quartier qui a été découpé et réuni aux quartiers de Sümbülefendi et de
Yedikule, à l’intérieur
des remparts de Théodose II, au sud-ouest de la mairie de
Fatih.
Si de nos jours la zone est peu construite (cela risque de changer sous peu),
depuis la Conquête de Belgrade par les Ottomans en 1521, le quartier abritait
des tanneurs serbes.
Sous les remparts de Théodose II - Belgratkapı (Porte de
Belgrade)
Siège de Belgrade en 1456 (Nándorfehérvár en hongrois,
Belgrat en turc ottoman)
Miniature ottomane de 1584 |
Le premier siège de Belgrade avait eu lieu en 1440
tandis que le sud de la Serbie avait déjà été annexé en 1389. La ville
résista pendant longtemps aux Ottomans s’alliant même avec les Hongrois,
ennemis héréditaires des Serbes. Lorsque Soliman le Magnifique s’en
empara enfin en 1521, la ville fut rasée et une partie de ses habitants
déportés vers Constantinople. On installa les Serbes près des remparts
de Théodose, non loin de la mer de Marmara, une zone qui n’était pas
construite jusque là. Ils pouvaient vivre librement, pratiquer leur
religion et exercer le commerce, mais l’enseignement devait se faire en
grec.
Les tanneurs de Belgrade étaient réputés jusqu’au XIXe siècle. La porte
des remparts qui se trouvait à proximité du nouveau quartier prit le nom
de leur ville (Belgratkapı / porte de Belgrade). Il faut noter que
Belgrade était hongroise lorsque les Ottomans y entrèrent. Cependant, ce
sont des Serbes qui furent emmenés à Constantinople.
Les Serbes de la capitale ottomane étaient assez nombreux, certains
étaient aussi installés en périphérie, notamment dans
le village de
Belgrat, en bordure de la forêt du même nom, entre la ville
et la mer Noire. Malgré leur nombre, les Serbes s’assimilèrent
progressivement à la communauté grecque, de même religion.
A Belgratkapı, la petite église
Notre-Dame de Belgrade est l’un des
seuls témoins du passé serbe du quartier.
Les tanneries ne se trouvaient pas à l’intérieur des remparts. A cause
des fortes odeurs, on les avait installées à l’écart de la ville, à
Zeytinburnu.
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Anciennes vues |
Ce sont les
remparts qui sont vraiment intéressants à Belgratkapı et notamment la fameuse
porte. Ils ont été restaurés dans les années 1990 avec succès, ce qui n’a pas
été réellement le cas pour d’autres sections des fortifications de Théodose II
(412). Une autre particularité des remparts à cet endroit, ce sont les jardins
potagers byzantins qui courent entre les portes de Yedikule et de Silivrikapı.
Les jardins potagers de la porte de Belgrade |
Porte de Belgrade |
Porte de Belgrade |
Eglise Notre-Dame de Belgrade |
En 2013, la
municipalité de Fatih, dont la politique de restauration passe par le bulldozer,
a décidé contre l’avis de la population et celui de l’UNESCO, de détruire les
jardins pour créer une zone verte (!). Un vent de clientélisme qui a mis en
colère les Stambouliotes qui n’ont pas été écoutés par les autorités, comme
d’habitude. Il faut préciser que la mairie de Fatih a déjà détruit plusieurs
quartiers historiques, notamment les maisons de bois
de Süleymaniye et
le quartier tzigane de Sulukule. Un autre
projet mégalomane a été freiné sur la
Corne d’Or (Ayvansaray
– Balat –
Fener), mais les abrutis
qui ont actuellement (2015) le pouvoir de décision, n’ont pas baissé les bras
pour autant. On peut donc s’attendre au pire pour toute la péninsule historique
qui est entièrement dépendante de la municipalité de Fatih.
Le quartier de Sümbülefendi n’est pas très
intéressant dans son ensemble. L’architecture des
années 1970 a encore frappé et son style est
pitoyable. Toutefois,
le complexe de Kocamustafapaşa
dit aussi Sümbül Efendi, tout à fait à
l’ouest du quartier, est magnifique. Il s’agit d’une
mosquée ancienne d’origine byzantine (église
Saint-André) et de plusieurs mausolées de saints
musulmans qui attirent toujours un grand nombre de
pèlerins. Le tout est entouré d’un parc et d’un
cimetière avec de grands arbres, ce qui donne un
poumon de fraîcheur. Dans la cour de la mosquée, un
arbre est entouré d’une chaîne miraculeuse. Elle
aurait le pouvoir de dissiper les brouilles entre
gens de bonne volonté (!).
La mosquée Kocamustafapaşa domine le pittoresque
quartier du même nom qui autrefois s’appelait
Samatya.
Dans cette partie de la ville, c’est sans nul doute
le quartier historiquement le plus intéressant et
souvent ignoré par les touristes étrangers.
L’emplacement de la mosquée marque la septième
colline d’Istanbul, les six autres étant plus ou
moins alignées le long de la Corne d’Or, à l’
opposé.
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